BOXER

BOXER
“Carton Rouge”
(Terra Del Sole / Disctronics 2002)
Style: Hard Rock “avec du poil autour”



La question du jour: qu’est devenue la bande à Boxer ? Leur site web ne répond plus, pourtant ils étaient bien partis pour secouer le Hard frenchie à la porte d’entrée du nouveau millénaire, avec “Touche c’est du Rock”, un premier album qui avait bénéficié d’une surprenante pub dans la presse, et puis ce “Carton Rouge” arrivé deux ans plus tard dans un beau digipack couleur papier kraft où au verso les musiciens sont crayonnés comme sur la pochette de “Long Live Rock’n’Roll” de Rainbow avec en plus des noms comme Justin Blackmore, Basseman River, Cannabix, Fullmen et Tête of Noeud. Précisons que sous ces pseudos débiles se cachent des ex-Warning, ex-Attentat Rock, ex Face To Face, ex-Blonde Amer, ex-Trust, ex-Decorum, bref des gars qui ont déjà un peu de bouteille et qui ont également joué avec Patrick Rondat, Jacques Dutronc et Johnny Haliday. Boxer c’est donc le genre d’association de vieux potes qui savent de quoi ils causent et dont l’envie fondamentale de s’éclater comme des bêtes est supérieure à celle de se prendre le chou avec un projet expérimental, conceptuel et atmosphérico-lyrique pour profs de math à la retraite. Et en effet ici c’est plutôt le genre barbecue au club des motards en plein soleil, c’est à dire de la sueur d’hommes, des riffs épais comme des steaks T-bone et des brochettes de calembours à toutes les sauces. Pour faire plus simple, on va dire que musicalement c’est du AC/DC en plus gras, et pour les textes du Renaud en plus subtil, voire du Bashung, d’ailleurs ils reprennent “Gaby” avec beaucoup de classe et une énergie turbo qui pourrait laisser penser que la chanson a été vraiment composée pour être jouée sur un rythme hard à guitares Gibson SG. (“A quoi ça sert d’avoir la frite si on n’a pas les moules, à quoi ça sert le cochonet si on n’a pas les boules ?” ces lyrics me font toujours autant marrer) Mais c’est vrai que l’ensemble des textes est tellement trempé dans l’humour le plus corrosif qu’il en reluit d’un chrome étincelant. Même si parfois les thèmes abordés sont un peu sérieux, comme la prostitution made in pays de l’Est (“Sucette Boulevard”), les régimes amaigrissants (“Sister Taillefine”), la publicité (“Tu peux t’brosser Nicole”) ou les mouvements anti-OGM (“Rock around the Bétail”), on a quand même toujours les oreilles aux aguets pour capter tous les jeux-de-mots et les grosses vannes qui s’infiltrent mine de rien dans le texte, et ceci toujours sur un fond de zique hyper burnée, aux accents sudistes et australiens à la Rose Tattoo, et avec tout ce qu’il faut de soli plein les doigts et de bon rythme à taper du pied en sirotant sa bière extirpée du frigo sous un pack de yaourts pour bébé. Bref, sans vouloir choquer personne, c’est la parfaite zique pour vous mettre la gaule dès le lundi matin en allant au turbin, et en cette période de très discutable et dispensabe reformation de Trust, on est en droit de préférer un urgent retour de Boxer !

PS: sur le site du guitariste Yves Brusco, on peut écouter l’album en entier: ici
(cliquez sur le lien "direction Carton Rouge" sous la pochette, ensuite sur chaque titre)