Insense

INSENSE
“Soothing Torture”
Black Baloon Records 2005
Style: METALCore from the North



Le nom du groupe n’engage personne à se bousculer, le titre de l’album non plus. Mais pour ceux qui veulent quand même, pour une raison qui les regarde, se le farcir avant les vacances, informons-les que ça commence par du piano classique, le genre de petite sonate immitation Franz Liszt des mauvais jours, mais dont on est certain dès la première note qu’elle ne va pas faire long feu, parce que dans quelques secondes s’y substituera une telle exhubérance de grosses guitares monotones et bourrines qu’on n’y pensera plus. On se demandera plutôt ce qui arrive au chanteur, car d’après le ton de sa voix, il a tout l’air de s’être installé depuis des heures sur le siège des toilettes, occupé à soustraire de sa tubulure rectale un étron trop compact et de dimentions quadruplement supérieures à celles des jours ordinaires, ce qui semble le motiver assez pour formuler de puissants ahannements jusqu’à la fin de l’album. Ceux-là n’ont d’autre rivaux sonores que certains larsens crispés en fin de morceaux, ça fait autant mal aux oreilles que la sirène d’incendie au boulot, des fois elle se déclenche par accident et ça dure facilement dix ou vingt minutes jusqu’à ce qu’on arrive à l’arrêter, c’est scandaleux. A part ça, on peut dire, pour résumer la situation: encore un qui croit avoir inventé le fil à couper le beurre, Insense est l’exemple-type du groupe norvégien voulant imiter des groupes américains qui se prennent pour les descendants de Slayer et dont finalement personne au monde n’a vraiment besoin puisqu’on a déjà tout entendu de ce côté-là, et son album ressemble vaguement à un de ces misérables trucs qu’on trouve à la foire à 1 euro des grandes surfaces, lot d’éponges trop petites, pèle-légumes tordu, ensemble de six sous-verres aux couleurs affreuses, ou paire de tongs dépareillés au plastique félé et rogné par des mites voraces. En fait si je voulais faire un jeu de mots pourri, je dirais que c’est carrément INSENSé de croire ne serait-ce qu’une seconde que cet album pourrait avoir d’autres amateurs que quelques sourds et des malentendants équipés de sonotones défectueux. On a même l’impression que le groupe s’est littéralement, et passez moi l’expression, fait chier à mettre en boîte cette dizaine de morceaux, comme sous la contrainte, la loi martiale, ou en ayant oublié qu’il y a nettement mieux à faire quand on est jeune et plein de vitalité, qu’on est né dans l’extrème Nord de l’Europe et qu’on a des jolis cheveux longs et des belles barbiches. Allons bon, n’y a-t-il donc pas de jolies nanas du côté d’Oslo ? Pas de bal des pompiers du quatorze juillet ? Enfin il leur reste toujours la solution de s’inscrire à un club de rencontres sur Internet, il paraît qu’il y en a où ça marche au premier coup, enfin moi je n’y connais pas grand chose et de toute manière j’ai ce qu’il faut à la maison. D’ailleurs Madame veut un deuxième lardon, alors autant dire que les nuits d’été sont chaudes par ici ! Bon, pour en finir avec Insense, un dernier mot quand même au sujet de la pochette, qui semble être un remake de celle d’un vieux Soul Asylum, je ne sais plus le titre de l’album mais c’était celui où figurait le fameux tube “Runnaway Train”, on y voyait une jeune femme tenant deux enfants nus par la main, dans un beau décor d’apocalypse nucléaire. Ici c’est la même chose version lourdeau, masques à gaz qui pleurent et débauche de peinture couleur sang, genre voilà la souffrance du monde, et alors nous notre musique, tu vois, ça exprime ça, euh... exactement ça, d’ailleurs nous aussi nous sommes des êtres en souffrance, et grâce à notre passion commune pour la musique... euh, nous allons pouvoir nous en sortir, tu vois ? Ok, vous les voulez avec du ketchup ou de la mayonnaise vos frites les gars ?