POLYURIC BRAINS (ex metal expert)
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

roman

4 participants

Aller en bas

roman Empty roman

Message  Kaptendonc Mer 29 Déc - 1:15

(On avait commencé un topic "Lectures" quelque part, mais peut-être que ce serait mieux de le poursuivre ici ?)

roman Nicos7fe

Nicos Panayotopoulos
"Le gêne du doute"
Gallimard 2004

Vous jouez de la musique, vous écrivez, vous peignez, vous sculptez...etc, bref vous pensez être un artiste, ou du moins vous prétendez en être un (et vous n'êtes évidemment pas le seul dans cette situation). Malheureusement en 2064 les choses ne se passent pas de cette manière, car on peut désormais reconnaître infailliblement les "vrais" artistes des "faux", grâce au "test de Zimmerman" du nom de l'éminent généticien qui l'a mis au point, suite à la découverte fracassante qu'il a présentée au congrès d'Ottawa: le gène de l'artiste. Oui, le talent n'est pas un don des muses ou le fruit de hautes études et de longues années de pratique, mais tout simplement la caractéristique particulière d'une unité d'ADN que certains humains possèdent et d'autres non. D'où l'intérêt de faire passer le test à tous les fameux prétendants au statut d'artiste, afin de savoir si leurs oeuvres valent le coup, ou si c'est du bidon. Cette découverte fait évidemment grand bruit dans le monde de l'Art, notamment dans le milieu littéraire où l'on ne publie plus que les auteurs "certifiés", tandis que les autres se retrouvent au chômage, de même que leurs éditeurs et les critiques littéraires qui les soutenaient. Telle est l'idée principale de ce roman, qui mèle habilement recherche scientifique, anticipation et humour noir, tout en maintenant une tension machiavelique, car toute l'histoire est racontée par un certain James Wright, vieil écrivain aigri dont on ignore jusqu'à la fin s'il est ou non un "vrai" artiste, d'autant plus que des rumeurs de "résultats falsifiés" mettent en doute la fiabilité du test. Y aurait-il donc des vrais-faux et des faux-vrais artistes ? Nicos Panayotopoulos nous présente en tout cas un futur aussi impitoyable qu'angoissant...



study
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Fanny Dim 2 Jan - 13:04

moi je lis pas mal en ce moment, mais pas de romans... ça marche aussi ? Wink

'Carnets Noirs' (magnifique ouvrage sur les musiques industrielles/gothiques/electroniques)
'les goths : petit précis d'ethnologie urbaine' du Crobard. bien marrant !
'365 pensées des maîtres Bouddhistes' (ouvrage contenant de magnifiques photos et quelques bases sur le bouddhisme)
'pensées' de Pascal.
Fanny
Fanny
Elève
Elève

Nombre de messages : 248
Localisation : Grimland
Date d'inscription : 03/08/2004

https://antredumetal.forumactif.com/

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Fanny Jeu 17 Fév - 13:19

roman Couve_seve_france_loisirs

c'est plutôt rare que je lise de la fantasy.... même exceptionnel en fait, mais ça m'a l'air délicieux.
Fanny
Fanny
Elève
Elève

Nombre de messages : 248
Localisation : Grimland
Date d'inscription : 03/08/2004

https://antredumetal.forumactif.com/

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Mar 22 Mar - 3:19

HENRY MILLER
"Printemps Noir
(col. Folio N°671)

roman Henry7hr

Extrait:

"Sur la butte, dans la nuit du printemps, seul dans le ventre géant de la baleine, je pends la tête en bas, les yeux en sang, les cheveux blancs comme des vers. Un ventre, une carcasse, le grand corps de la baleine pourissant comme un foetus sous un soleil mort. Hommes et poux, procession ininterrompue vers le monceau de larves. Voici le printemps que Jesus a chanté, l'éponge aux lèvres, au trémoussement des grenouilles. Pas de trace de rouille, pas de tache de mélancolie. La tête qui pend entre les cuisses, dans un frénétique rêve noir, le passé qui sombre peu à peu, image du forçat auquel on rive son boulet. Dans chaque matrice, le piétinement des sabots de fer, dans chaque tombe, le hurlement d'un obus. Matrice et obus et dans le creux de la matrice un idiot adulte qui cueille des boutons d'or. Homme et cheval fondus en un seul corps, douces les mains, fendus les sabots. Les voici venir en interminables processions, les prunelles en feu et les crinières flamboyantes. Le printemps monte dans la nuit avec le rugissement d'une cataracte. Il arrive sur les ailes des juments, crinières au vent, narines fumantes."

L'aisance avec laquelle il arrive à faire naître en quelques mots des telles visions de cauchemar me laisse profondément perplexe...

silent
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Fanny Mer 30 Mar - 11:36

Dan Brown* l'auteur de Da Vinci Code Wink

justement à propos de ce roman....
Dommage qu'il fasse un si grand tabac, autrement je l'aurais lu. Le thème m'interesse.
mais les bouquins c'est comme les disques ou presque, quand ça plait à la masse y'a de grandes chances pour que ça ne me plaise pas.... Peut-être est-il un peu formaté ce livre, en tout cas une chose est sure, ce tapage médiatique enlève tout son charme. J'aimerais avoir l'avis de critiques littéraires, pour voir.

Quant à moi je viens d'achever La Voie royale d'André Malraux, c'était bien encore une fois mais on a la sensation que le livre n'est pas terminé une fois refermé, c'est assez désagréable. Un beau roman d'aventure quoi qu'il en soit.
Fanny
Fanny
Elève
Elève

Nombre de messages : 248
Localisation : Grimland
Date d'inscription : 03/08/2004

https://antredumetal.forumactif.com/

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Ven 15 Avr - 23:33

Je viens de finir de lire:
"LÂCHONS LES CHIENS"
de Brady Udall

(recueil de Nouvelles)
coll. 10/18 (poche, env. 8€)

roman Brad9tg

La “nouvelle” est un genre littéraire peu prisé en France, mais qui marche toujours bien aux Etats-Unis (on en publie en permanence dans les quotidiens, les hebdomadaires, les revues de toutes sortes...), d’ailleurs la plupart des grands auteurs (de Jack London à Raymond Carver, en passant par Fitzgerald, Hemingway, Bukowski, Salinger...) se sont brillament illustrés dans ce format, et la tradition persiste. Voici par exemple un jeune auteur du Middle-West qui a un réel talent pour relater des petits faits quotidiens aussi farfelus que profondément crédibles, des tranches de vies bien cruelles où l’on rencontre au bord de la route, dans des coins paumés de l’Utah, de l’Arizona ou de l’Ohio, des personnages qu’on croirait réels, et dont la folie ordinaire a de quoi nous secouer la charpente d’un rire desespéré. On ne sait jamais ce qui va se passer quand on tourne la page, et la fin est toujours scotchante, mais ce qu’il y a de plus extraordinaire, c’est la simplicité du style avec lequel tout est décrit, presque comme dans un interrogatoire de police: untel a fait ceci et cela, puis il s’est passé ça, et voilà ce qui a fini par arriver... A l’heure ou le sacro-saint Roman Français à plus que tendance à se regarder le nombril à la loupe, on est bien content de pouvoir loucher du côté américain, où les écrivains dignes de ce nom savent encore raconter des histoires, et nous émouvoir avec trois fois rien.
extrait: Doug est un vautour mâle de huit ans. Comme il ne fait pas beaucoup d’exercice, il est est un peu gras, mais c’est un gentil oiseau et je m’y suis attaché. Certains soirs, quand je n’arrive pas à dormir, je le prends dans mon lit et je le serre contre moi jusqu’à ce qu’il ait assez sommeil pour finir sa nuit perché sur la colonne du lit. Il appartenait à un certain R.L. Ledbetter qui travaillait pour MR. Platt et partageait cette caravane avec Richard jusqu’au jour où, il y a deux ans, il s’est fait écraser par une benne à ordures en traversant la route(...) Richard n’apprécie pas la compagnie de Doug, mais il est convaincu qu’il arrivera à lui apprendre à parler. Quand je rentre, je le trouve parfois attablé dans la cuisine devant l’oiseau perché sur le dos d’une chaise, qui lui dit des trucs du genre: “Allez Doug, répète: bazooka. Ba-zoo-ka.” Et Doug, imperturbable, muet comme une carpe, regarde les hirondelles filer devant la fenêtre. Richard prétend avoir lu quelque part que les vautours possèdent le même appareil vocal que les perroquets et qu’en usant de patience, il parviendra à faire de Doug un vautour qui parle. Jusqu’à présent, en tout cas, il n’a pas prononcé le moindre mot.

study
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Fanny Mar 19 Avr - 14:44

j'ai presque terminé 'La Perle' de Steinbeck.

roman Perle

bien, sans plus, je n'aime pas le contexte de l'histoire et les personnages me sont anthipatiques. Enfin celà change, on a coté 'conte' très prononcé dans ce roman. Je n'aime guère la patte de l'auteur, on devine assez bien sa personne à travers le roman (il n'ésite pas à laisser apparaître des clins d'oeil du style 'les hommes sont forts, les animaux et les femmes sont soumis' - je caricature mais c'est l'impression qui ressort).
Le livre offre surtout une critique des pauvres face aux riches, les huttes des cartiers pauvres de l'amérique latine face à la ville des riches faite de béton, le message qu'a voulu faire passer l'auteur (à savoir 'l'argent corrompt et ne fais pas le bonheur mais le malheur') est transmit clairement mais grace je dois dire à un exemple un peu fantaisiste, d'où le coté 'conte' assez prononcé.
Un livre assez original, proche du conte avec beaucoup de description, très peu de dialogues (les personnages sont presques muets et se parlent avec les yeux ou avec les légendes) et beaucoup de caricature, que se soit du côté des 'bons' ou des 'mechants'.
Là dessus dailleurs c'est assez ambigu, et malgré une littérature qui développe assez peu sur les personnages, leur psychologie transparait assez bien.
Fanny
Fanny
Elève
Elève

Nombre de messages : 248
Localisation : Grimland
Date d'inscription : 03/08/2004

https://antredumetal.forumactif.com/

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Sam 23 Avr - 15:36

Je n'aime pas trop ce bouquin, je trouve que Steinbeck s'est planté en se frottant à un genre auquel il n'est pas habitué (le conte moraliste) et il aurait mieux fait de se cantonner dans son domaine de prédilection (le réalisme tragique) où il a pondu de parfaits chefs d'oeuvres ("Les Raisins de la Colère", "A l'Est d'Eden", "Des Souris et des Hommes"...), qui restent aussi intemporellement bouleversants que leurs adaptations cinématographiques bien connues.
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Fanny Sam 23 Avr - 16:40

j'ai aussi 'des souris et des hommes' et 'les raisins de la colère' mais ne les ai pas lu.
J'ai commencé par le mauvais semble-t-il Neutral
Fanny
Fanny
Elève
Elève

Nombre de messages : 248
Localisation : Grimland
Date d'inscription : 03/08/2004

https://antredumetal.forumactif.com/

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  jol Sam 23 Avr - 17:07

Des souris et des hommes est vachement moins chiant que La perle... Les raisins je connais pas.


Dernière édition par le Mar 1 Mai - 17:00, édité 1 fois
jol
jol
Yveul Miaou
Yveul Miaou

Nombre de messages : 976
Date d'inscription : 03/08/2004

http://www.fearlessundeadwebzine.com

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Dim 12 Juin - 19:00

LA REINE DE POMONA
par Kem Nunn
ed. folio-policier N°350

roman Queen7as

“Pomona Queen”, c’est le nom d’un groupe de heavy-metal de filles. Un soir à la sortie d’un concert, la guitariste un peu énervée a planté un couteau dans le bide d’un motard. Son cadavre se retrouve allongé dans une glacière Coca-Cola au milieu du salon, chez son frère, un certain Dan Brown, énorme Hell’s Angel complètement barge et drogué jusqu’aux yeux, qui fait règner la terreur dans un bled pourri nommé Clear Lake. On sonne à sa porte, et voilà que débarque un minable marchand d’aspirateurs qui commence à déballer son baratin, mais, fâcheuse coïncidence, Dan Brown le reconnaît immédiatement: c’est un ancien pote de lycée qui se faisait appeler Johnny Magic et avait monté un groupe de Rock à présent dissout et oublié. Dan Brown lui demande alors de chanter sur la tombe de son frère, et le voilà embarqué malgré lui vers une destination inconnue, en compagnie du gros caïd Brown, son cadavre de frère et ses deux ignobles complices: Buck le barbu et Ardath le fou, à bord d’un vieux van tout cabossé. Durant le trajet, Johnny Magic se met à parler de son arrière-grand-père, propriétaire d’une des premières plantations d’orangers en Californie, qui avait conçu un label de fruits dont le nom était comme par hasard “Pomona Queen”, mais ruiné par la concurrence qui embauchait une main d’oeuvre bon-marché, en l’occurence des chinois, il était allé mettre le feu à tout Chinatown, avant de se faire tirer dessus et d’aller crever dans une plantation voisine. Et cela donne à Dan Brown l’idée saugrenue d’aller enterrer son frangin à cet endroit-là, mais auparavant il veut évidemment aller le venger, c’est à dire faire la peau à la guitariste de Pomona Queen. Or le groupe fait un concert juste à côté, dans un bar nommé “Club Alibi”, ce qui arrange bien les choses. Sauf qu’ils perdent le cadavre en cours de route, et que de nouveaux indices laisseraient supposer que ce n’est finalement pas cette nana qui a poignardé le frangin, alors qui ? L’histoire se complique encore furieusement par la suite, et je ne vais bien sûr pas vous révéler la fin.

Cette espèce de western moderne complètement halluciné, où les rebondissements et les imbroglios s’enchaînent à une vitesse folle, est servi par une écriture hilarante (avec des trouvailles stylistiques assez géniales, exemple: “il resta sans rien dire, tandis que le récent éclair d’inspiration dont il était si fier passait derrière lui pour l’enculer”). J’avais découvert Kem Nunn avec son premier bouquin “Surf City” qui décrivait également un univers Sud-Californien complètement déglingué, où des bandes de surfers allumés aux amphétamines s’entretuaient avec des gangs de motards sur les plages la nuit. Mais dans “La reine de Pomona”, il y a une sacrée dose d’humour en plus, et sa lecture en est d’autant plus agréable, mais aussi relativement effrayante: c’est la désagrégation de toute l’Amérique qui est présentée ici, et en particulier de cette région jadis paradisiaque qui fut l’aboutissement de la conquète de l’Ouest, et qui sombre à présent dans un chaos indescriptible, se transformant peu à peu en ce que l’auteur nomme “la vallée du marasme accéléré” où tous les cauchemars se rencontrent. On n’est finalement pas si loin que ça de la démarche de Steinbeck (dont il était question précédemment), en tout cas c’est un bouquin que je vous conseille vivement, ne serait-ce que pour la description du concert à la fin, et pour l’ambiance poisseuse qui suinte à chaque page.
(à lire en écoutant du stoner torride, genre Fu Manchu, Unida, Kyuss...)
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Dim 16 Oct - 19:26

SATAN DANS LE DESERT
par Boston Teran

Ed Folio policier 2005

roman Bt0qh

Une secte sataniste qui enrôle des jeunes paumés de Los Angeles pour les gaver de drogues et de Black-Metal, les tatouer des pieds à la tête et leur faire subir une initiation sanguinaire avant de les transformer peu à peu en véritable machines à tuer... voilà en gros le fond de l’histoire, quant à la forme, hum c’est encore pire. Mal écrit, lourdement construit, bourré de poncifs, c'est typiquement le genre de roman destiné à devenir le scénario du prochain film qui va faire flipper un public d’ados fans de Marilyn Manson et de Dimmu Borgir jusqu’au bout des piercings. Incroyable à quel point ce genre de littérature facilement malsaine peut devenir tendance uniquement parce qu’elle multiplie les scènes de violence toxicomaniaque et les assaisonne d’une esthétique Metal ultra-caricaturale et sans références crédibles, d’autant plus que l’éditeur nous présente ce bouquin comme “l’une des plus sidérantes découvertes US de ce siècle”, avec en prime une bannière rouge qui couvre le bas de la jaquette avec ces mots “Je suis encore sous le choc”, signé Harlan Coben, dernier auteur à la mode et à très gros tirage, et le pire c’est qu’il n’y a même rien de “choquant” dans tout le récit, car on a toujours l’impression d’avoir déjà vu la même chose récemment au cinéma, en plus spectaculaire évidemment. Par ailleurs il y a un gigantesque mélange de maladresse et de niaiserie dans le déroulement de l’intrigue, les caractères des personnages et les dialogues (ex: “Ils vont nous saigner, Coyote. Aussi simple... qu’une gorge tranchée.”), et pour faire encore plus “décadent”, l’auteur farcit ses fins de chapitres de petits aphorismes hautement existentialistes, du genre: “Comme les bonnes intentions, la souillure ne nous quitte jamais”. (Oh ?) Un vrai philosophe, ce Mr Boston Teran (son nom semble avoir été fabriqué de toutes pièces, comme un groupe de Rock à la mode, non ?). Bref, Il faut vraiment n’avoir rien d’autre à portée de main pour s’accrocher à ce "thriller" jusqu’à la fin, celle-ci étant d’ailleurs carrément minable. Si vous avez envie de lire un truc vraiment bien sur le même thème, je vous conseille plutôt “La secte sans nom” de Ramsay Campbell, viscéralement terrorisant et glauque à mort.

Evil or Very Mad
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Sam 10 Déc - 11:34

“LA MUSIQUE DU DIABLE”
par Walter Mosley

(Points Roman n° P586)

roman Mosley6if


Rien à voir avec le Black Metal (ni avec White Zombie), la musique dont il est question ici est celle du bluesman Robert Johnson qui, selon la légende, aurait rencontré le diable à un carrefour du Mississipi et lui aurait vendu son âme en échange de son génie. Et en effet, durant sa trépidante et courte vie (il mourut à 26 ans, tué par un mari jaloux), il composa les plus grands standards du Blues classique (“Dust my Broom”, “Sweet Home Chicago”, “Ramblin My Mind”...) qui furent repris par de nombreux musiciens de Blues, de Jazz et de Rock (Elmore James, Eric Clapton, Rolling Stones...). Mais contrairement à tous les ouvrages qui lui ont déjà été consacrés, ce livre n’est pas une biographie de Robert Johnson, il s’agit en fait d’un roman, plutôt poignant et rudement bien écrit, relatant les derniers jours d’un vieux noir qui a un jour croisé la route du légendaire musicien. Cette rencontre a complètement changé le cours de son existence et sa perception du monde, au point que la dernière des choses qu’il fera avant de mourir, ce sera d’enregistrer ses souvenirs à l’intention des générations futures.
“ - J’ai connu un homme, y s’appelait Robert Johnson...
Il eut l’impression d’avoir dit et redit cette phrase, sans cesse, jour et nuit, pendant toute sa vie.”


Au début de l’histoire, le vieux noir, nommé Soupspoon, est éjecté de la piaule minable où il croupissait, rongé par le cancer des os, et lorsque les services sanitaires veulent le reléguer dans un immonde refuge de sans-abri, il s’enfuit pour se retrouver à la rue, avant d’être finalement hébergé par une jeune femme blanche et passablement alcoolique, dont la vie n’a pas non plus été une franche partie de rigolade. L’amitié presque contre-nature qui naîtra entre ces deux êtres écorchés va s’accompagner de toutes sortes de drames, dont le déroulement s’inscrit parfaitement dans la continuité d’une tradition populiste de la littérature américaine (London, Steinbeck, Faulkner, Mc Cullers...), mettant en évidence autant le racisme que les problèmes sociaux et une violence urbaine des plus sordides. L’histoire se déroule dans le New York des années 90, mais à l’intérieur de la tête de Soupspoon on est encore toujours au plus profond du Delta du Mississipi, là où le Blues est né. “Soupspoon se rappelait tous ces hommes et ces femmes qui hantaient ses rêves, brisés par l’existence, écrasés par l’angoisse quotidienne comme l’araignée se recroqueville quand elle sent une ombre sur elle. Dans le Delta, les ombres se succédaient chaque jour, en si grand nombre qu’un homme de couleur n’avait pratiquement aucune chance de se redresser. Femmes et hommes portaient leurs ombres comme on porte un manteau ou un châle, comme les sacs de coton de cinquante kilos qu’ils charriaient sur leurs épaules. Des sacs plus grands qu’eux, grands comme l’orteil blanc de Dieu, toujours prêts à réduire à néant le peu qu’ils avaient, juste pour prouver qu’ils étaient toujours en vie. Le seul moment où ils pouvaient enfin se tenir droits, c’était quand les ombres devenaient nuit. Et même là, on ne pouvait pas dire qu’ils se tenaient droits: ils sautaient, sautaient et se déhanchaient sur la musique. Pour eux, sentir leur propre poids, à l’abri de l’obscurité - une obscurité qui protégeait de toutes les ombres - c’était la liberté. Et la liberté avait un nom: c’était le Blues.”

Musique de Noirs, musique noire, musique nocturne et tribale, le Blues avait toutes les raisons d’être diabolisée par les blancs, dont l’esprit puritain y reconnaissait l’irruption des forces du mal sur leur territoitre consacré. Le livre présente vraiment bien la situation de l’époque, avec des flash-back saisissants de réalisme, et sur un ton plus introspectif que strictement historique. Mais il apparaît aussi comme une évidence qu’on ne peut pas parler du Blues sans évoquer le contexte social qui entourait sa naissance, et qui lui a donné non seulement ses lyrics mais aussi son rythme. “C’était comme à l’époque où les Noirs cassaient des pierres et où un seul homme chantait pour tous, et alors chaque phrase se concluait par un ahanement et l’impact des masses de huit kilos.”

On découvre également comment le Blues a voyagé, comment il a circulé de ville en ville, comment il est monté jusqu’à Chicago et New York où se trouvaient les studios d’enregistrement et les grandes compagnies de disques. Mais au départ, il n’y avait qu’une poignée d’ esclaves en fuite, des vagabonds qui grattaient une guitare dans un bar pour se payer un verre, et qui parfois se faisaient rouer de coups et dévaliser de leurs maigres économies. Le Blues était alors tout ce qui leur restait, une musique d’errance et de misère éternelle. “Tous les bluesmen sont des paumés. Le blues...Le black-and-blues, voilà comment il faudrait l’appeler. Des Noirs, qui ne voyageaient que la nuit, dans l’obscurité. Pour aller nulle part, avec seulement des pierres et des poings à vous casser les os en chemin...”

L’apparition de Robert Johnson dans un contexte aussi dramatique semble presque surnaturelle. C’est le gars qui a déjà tout vécu, tout enduré, tout digéré, celui qui a compris qu’il ne sert à rien de se révolter ou de vouloir être plus forts que les Blancs, et que la seule chose à faire c’est de se perdre corps et âme dans la musique pour y trouver la meilleure consolation possible. “Un jour, vous leviez les yeux et il était là, à chanter et à jouer comme un dingue (...) Et puis vous leviez une nouvelle fois les yeux, et il était parti. Et il emportait quelque chose de vous que vous n’aviez même pas conscience de posséder, que votre mère et votre père n’avaient jamais remarqué, et en prenant ce quelque chose il vous laissait avec un manque, le manque de quelque chose qui était dix fois mieux que tout ce que vous aviez jamais eu.”

Magicien ou sorcier, Robert Johnson possédait certainement un secret, mais aussi un charisme immense, ce qui explique sans doute l’espèce d'aura de mystycisme flottant toujours autour de lui, et la fameuse légende qui s’est propagée à son sujet, vraie ou fausse, le livre n’insiste pas trop là-dessus, même si l’aspect “diabolique” de sa musique est parfois évoqué à demi-mots, avec une pointe de superstition mêlée d’humour. “Robert Johnson, lui, était à tu et à toi avec le diable, et il savait le convoquer. Le matin même, vous pouviez avoir été dans les transes de la peur, peur que votre femme soit partie, que votre gosse soit mort, que la bouteille soit vide ou que le poison se soit répandu sur le sol. Mais, dès que Robert Johnson se mettait à jouer, la peur s’envolait, car cet homme vous disait: Eh oui, tout ça est vrai, donc t’as intérêt à lêcher la sauce tant qu’y t’reste une langue.”

Durant les trois quarts de sa vie, Soupspoon a tellement vénéré le fameux bluesman, qu’il a été jusqu’à se marier avec une ex-maîtresse de Robert Johnson, un mariage qui a d’ailleurs été un echec, et qui ne lui a donné aucune progéniture. Séparé de sa femme pendant des dizaines d’années, il la retrouve à la fin du livre, l’interroge sur tout ce qu’elle ne lui a jamais révélé au sujet de Robert Johnson et enregistre son témoignage pour l’ajouter à toutes les cassettes qu’il a déjà remplies de sa propre voix. Jusqu’à ses derniers instants, “l’ homme qui a vu le diable” continuera à le hanter, son fantôme viendra même lui rendre visite à l’hopital où il finit par s’éteindre. “Au plus profond de la nuit, dans la salle obscure où des lumières rouges et bleues clignotaient, où des vieillards exhalaient leurs odeurs et leur dernier souffle, au plus profond de la nuit, Soupspoon vit soudain une ombre s’approcher et tirer une chaise près de son lit...”

Roman sombre et captivant qui se lit d’une traite, il consitue un bon point de départ pour se lancer à la découverte des racines du Blues. En complément de lecture, on peut se rendre sur un très bon site consacré à l’histoire de cette musique:
http://flichti.free.fr/
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Dim 9 Avr - 21:18

“LE GLAIVE DE DIEU”
par Graham Masterton

editions Fleuve Noir 2005

roman Masterpoc8fr

Oui, j’ai eu un jour ma petite période “littérature fantastique”, où je dévorais des tas de bouquins de Stephen King, Dean Koontz, Clive Barker, Peter James, Andrew Klavan, et à peu près tout ce que la collection “Pocket Terreur” pouvait fournir. Evidemment cet engouement m’a passé avec l’âge, et à présent je n’accorde plus aucun intérêt à de telles lectures. Pourtant il y a un auteur qui fait figure d’exception, il s’agit de Graham Masterton, dont les romans “Démences”, “Le Miroir de Satan”, “La Maison de Chair”, “Le Démon des Morts”, “Walhalla”, “Tengu”, “Le Portrait du Mal”, “Transe de Mort”... m’avaient à l’époque tenu en éveil durant de longues nuits d’effroi. Et maintenant encore, quand sort un nouveau bouquin de Masterton, je ne résiste pas à l’acheter pour le lire d’une traite. Il faut dire que son écriture se différencie nettement des autres: là où Stephen King met au moins cinquante pages pour installer le décor, Masterton vous plonge dans l’angoisse dès la première ligne. Il y a de l’action à toutes les pages, ça fonce à cent à l’heure, et grâce à son style clair, efficace et plein d’humour second degré, il peut vous entraîner où il veut, même dans des histoires complètement rocambolesques. Ainsi dans “Le Glaive de Dieu” on assiste encore une fois à un déploiement de grosses ficelles poisseuses mais si astucieusement bien nouées que cela en impose le respect. Pas de vampires ni de superhéros ici, mais rien qu'un brave ex-flic irlandais en instance de divorce, bossant comme agent de sécurité d’un grand magasin de Manhattan et qui, grâce à l’aide d’un hypnotiseur à la retraite et de quelques second rôles tout aussi singuliers, va réussir à déjouer un complot terroriste mené par un fanatique religieux bien décidé à répandre sur le monde le virus mortel de la grippe espagnole qu’il est allé décongeler au fin fond de la Laponie. C’est donc plus un thriller catastrophiste qu’un roman fantastique, mais avec un bon mélange de délire et de noirceur dont seul Masterton a le secret, et toujours cette aisance à créer une atmosphère étrange en trois mots, genre: “Les grillons chantaient dans le jardin glutineux où régnait une chaleur torride”, puis d’y faire exploser l’action avec une violence inattendue, sang qui gicle, os qui craquent, langue qui explose “telle une tomate mûre” avant de ressortir par l’arrière de la tête... Rien ne nous est épargné, ni les courses-poursuites en bagnole, ni les incendies d’hotels, ni les règlements de compte et les trahisons ultimes. On a droit aussi à une visite assez peu touristique de la Norvège et à quelques rebondissements farfelus, mais pas pires que ce à quoi le cinéma d’action nous à habitués depuis les premiers Tarantino, d’autant plus que la fin n’a vraiment rien d’un happy-end classique. Bref, si vous avez mal aux dents et que vous n’arrivez pas à trouver le sommeil, voilà 500 pages de suspense qui vont vous aider à tenir au moins jusqu'à l'aube.
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Mar 8 Mai - 20:28

“TOKYO” par
Mo Hayder

Pocket 12844

roman Hayderpocketta8

Il faut avoir les tripes bien accrochées pour lire ça jusqu’au bout (surtout le bout) et justement il arrive qu’il y en ait (des tripes) qui se transforment en guirlandes sanguinolantes décorant un jardin japonais sous la neige, vous voilà prévenus. L’horreur (la vraie, la vécue) suinte de ce roman comme des miasmes de gangrène dont les relents fétides vous nouent la gorge à chaque chapitre, alors que paradoxalement vous n’arrivez plus à refermer le livre avant d’avoir découvert le pourquoi du comment (ce qui arrive, enfin, à la 463ème page). Voilà un auteur qui sait comment vous empêcher de dormir, mais son talent s’illustre surtout par sa manière de faire avancer trois trames narratives parallèles au suspense croissant, qui finiront par se rejoindre exactement au bon moment: la première se situe à l’époque de la guerre sino-japonaise, et plus précisément durant le siège de Nankin, où ont été commises les pires atrocités. Dans la seconde, il est également question d’atrocités, mais dans le Japon moderne, du côté des Yakusas et du pouvoir absolu qu’ils exercent sur la vie nocturne des quartiers interlopes de Tokyo, où Grey, l’héroïne de l’histoire, aura le malheur d’aller se fourrer. La troisième trame est à la fois plus mystérieuse et plus intimiste, car elle ne concerne que le passé de Grey, et en particulier un certain événement qui s’était produit durant son adolescence, et dont les flash-back viennent hanter le cours de son enquète à Tokyo. Sans jamais en dire trop, et avec un style fluide, précis, et même joliment littéraire, Mo Hayder signe là un de ces romans qui dépassent largement le cadre où le genre “thriller” reste confiné, car de l’émotion avec un grand E s’ajoute aux critères qui font que généralement on suive un récit le souffle coupé. Ici on sent dès le début un authentique malaise qui s’infiltre partout et ne fait que s’accentuer pour finalement ébranler la capacité de résistance des âmes même les moins sensibles.

study study study study
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Sam 29 Sep - 20:21

“DARKHOUSE”
par Alex Barclay

coll J’ai LU n°8265

roman Alexcoveryr1

Le style de bouquin qu’on jette machinalement dans son caddie le samedi matin quand on fait les courses en grande surface, en se disant qu’avec ça on passera sûrement un bon moment sans trop se prendre la tête, ce n’est quand même pas tous les soirs qu’on lit “Douleurs du Monde” d’Arthur Schopenhauer avant de baiser et de dormir. Le problème c’est qu’en commençant la lecture de ce thriller on se rend compte très vite qu’on aurait mieux fait de laisser le bouquin dans le rayon et, pour le même prix, acheter un pack se six bouteilles de lait “croissance”, au moins c’est un truc utile. Parce que là, franchement, non seulement on s’ennuie à mourir sur 412 pages, mais encore on se demande comment un éditeur a pu accepter une daube pareille. L’intrigue est plus que téléphonée, l’action avance à un rythme de limace paraplégique, les dialogues sont aussi minables qu’improbables (exemple: “Laissez-moi vous chercher des serviettes pour que vous vous essuyiez...” Non mais, vous en connaissez beaucoup des gens qui parlent comme ça ?), les personnages sont aussi caricaturaux que falots et sans épaisseur, même le héros ressemble à un personnage secondaire d’un dessin animé de la série “Oui-Oui”. Alors la frustration occasionnée peut donner envie d’en savoir un peu plus au sujet de l’auteur: en quelques clics sur Google, on apprendra très vite qu’Alex Barclay, malgré son prénom ambigü, est une femme, qu’elle est fan du groupe Evanescence et qu’elle apprécie les bijoux gothiques. On peut la voir sur des photos promotionnelles posant fièrement dans des recoins sombres et arborant un t-shirt à tête de mort. Mais Schopenhauer lui, était misogyne et portaitait de grosses rouflaquettes... chacun son truc, hein ?
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  maarnaden Dim 30 Sep - 11:59

Purée... faut du courage pour se farcir 412 pages d'une daube... en général, quand je lis un bouquin, si je m'emmerde, j'arrête au bout de 50 pages... je préfère terminer de lire des choses qui me plaisent... Laughing en tous cas, merci, grâce à toi, je sais que celui-là, il faut l'éviter cheers
maarnaden
maarnaden
Elève
Elève

Nombre de messages : 393
Localisation : Strasbourg
Date d'inscription : 04/08/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Sam 23 Fév - 19:30

“LES VOIX DE L’ASPHALTE”
par Philip Kindred DICK

(Ed. Néo 2007)

roman Dickcoverwe9

Inutile de le nier, Philip K.Dick est l’auteur qui a marqué mon adolescence: après avoir lu “Simulacres”, “Ubik”, “le Temps Désarticulé”, “L’invasion Divine”, et quelqes autres du même style, je n’étais plus le même ! A présent, les 53 bouquins du maître (romans et recueils de nouvelles) sont bien en place au sommet d’un rayon surprotégé de ma bibliothèque où même la poussière se tient à l’écart; mais je ne m’attendais pas à devoir en héberger un 54ème, épais et inédit. Et posthume évidemment, vu que Philip K.Dick est décédé en 1982, après avoir passé ses dernières années emmuré dans la paranoïa la plus totale, que le film “A Scanner Darkly”, inspiré de son bouquin du même nom, illustre bien. Notons au passage que “Minority Report”, “Paycheck”, “Tortal Recall” et “Blade Runner” sont des films également basés sur ses livres, mais peu de gens savent qu’avant de se lancer à corps perdu dans la Science-Fiction, Philip K.Dick avait publié quelques romans “normaux” qui n’ont guère eu de succès, ce qui ne veut pas dire qu’ils soient mauvais, au contraire. D’ailleurs c’est sa période non-SF que je préfère , avec notamment “Pacific Park”, “La bulle cassée”, “Au pays de Milton Lumky” ou encore “Confessions d’un Barjot”. Voici qu’arrive dans la même série “Les Voix de l’Asphalte” roman de jeunesse et gros chef d’oeuvre visionnaire, dans lequel on ne trouvera ni extra-terrestes visqueux, ni robots schizophrènes, mais uniquement des gens bien ordinaires qui vivent leur vie de tous les jours dans les années cinquante en Amérique: c’était l’époque des longues Cadillacs aux carrosseries brillantes et mastocs, des réfrigérateurs rondouillards remplis de bouteilles de Coca-Cola, des cigarettes Lucky Strike et des gros grille-pains chromés, c’était la décénie où allait naître le Rock’n’Roll et où tout le monde était sensé être heureux. Sauf Stuart Hadley, le héros de cette histoire qui, à l’instar d’Antoine Roquentin dans “La Nausée” de Sartre, voit tout en négatif et n’arrive pas à trouver sa place au milieu de ses semblables dans une société basée sur le profit et la consommation sans limites. Aussi lorsqu’il assiste à une conférence d’un gourou religieux qui annonce l’arrivée imminente de l’apocalypse, il va foncer tête baissée pour rejoindre cette secte, et lorsqu’il finit par comprendre qu’il s’est fait flouer, tout ce qui lui reste c’est son minable boulot de vendeur de télévisions dans une petite boutique d’Oakland où il doit rendre des comptes à un gros patron mesquin. Même si la trame narrative ne foisonne pas en scènes d’action, Dick réussit pourtant à harponner le lecteur dès les premières pages et ne le lache plus, grâce à son style introspectif et rigoureux explorant les états d’âme de ce “héros”, qu’il va traquer jusque dans les plus petits détails de son quotidien, tout en maintenant un climat dépressif et sordide que la moindre phrase vient souligner, exemple: “elle poussa la porte et le fit entrer dans une cuisine qui sentait le graillon et les légumes rances en train de moisir dans des poubelles noires.” Ou encore cette brève description de Chinatown: “D’étroites ruelles parsemées d’ordures, de la largeur d’une voiture, reliaient les restaurants: des sentiers crasseux jonchés de poubelles, où des plumes séchées baignaient dans des mares de sang”. Le décor planté en quelques mots suffit à créer le malaise et une étrangeté qui préfigure déjà les oeuvres futures de Dick. Il y a d’ailleurs un bon nombre de simillitudes entre ce personnage et la plupart de ceux de ses romans ultérieurs, et surtout cette manière inimitable de les suivre pas à pas dans leur entêtement et leur enfouissement dans une spirale de problèmes. Par ailleurs, des thèmes aussi sérieux que le racisme ordinaire, l’injustice et la xénophobie sont évoqués mine de rien dans une sorte de microcosme qui renvoie pourtant à l’humanité entière. Dick nous offre ici une consistante matière à réflexion et un voyage dans le temps qui nous fait entrevoir déjà une autre espèce de réalité.
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Kaptendonc Dim 19 Oct - 18:02

“OWEN NOONE & MARAUDER”
par DOUGLAS COWIE

Editions Christian Bourgois
(format poche en collection Points)

roman Owenfc8

Petits nostalgiques des années Grunge, ce livre est pour vous, surtout si vous avez plus ou moins vécu cette situation: deux étudiants qui s’emmerdent dans leur minable Fac de province éclusent quelques bières un samedi soir et décident subitement de monter un groupe. Ils ne connaissent rien à la musique mais s’achètent des guitares, ils ne savent pas chanter mais se mettent à apprendre par coeur des vieilles chansons Folk dans un bouquin piqué à la bibliothèque de l’université. Bref ils y croient, et après des heures et des heures de répète dans leurs piaules, amplis et distorsion à fond, ils finissent par faire un premier concert dans un bar, et puis un autre, et ainsi de suite avec à chaque fois un succès fulgurant, jusqu’à décrocher un contrat pour sortir leur premier album, qui fera un tabac sur tout le continent. Pour le deuxième ce sera hélas bien différent, car pris dans l’engrenage du Rock-business, ils se verront adjoindre un gros manager véreux, un producteur incapable et surpayé, des musiciens de studios inutiles, des tonnes d’arrangements aux violons sur chaque morceaux, et tout ce qui peux contribuer à casser leur authenticité, leur spontanéité, leur naïveté originelle. Le résultat sera un bide évidemment, et cette histoire paraît d’autant plus triste qu’elle nous rappelle des groupes existant ou ayant existé réellement. Ecrite à la première personne dans un langage simple et bourré d’émotion vraie, on la lit en quelques heures avec l’impression de partager la vie de ces gars, dont on aurait pu devenir facilement les meilleurs potes, il n'y a pas si longtemps peut-être.
Kaptendonc
Kaptendonc
Diplomé
Diplomé

Nombre de messages : 541
Localisation : partout
Date d'inscription : 17/09/2004

Revenir en haut Aller en bas

roman Empty Re: roman

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser