[M-E 001] Megadeth - Risk

MEGADETH
“RISK”
Capitol rec. 1999
style: mega...mega...
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Voici l’album qui a tué Megadeth.
Voici la preuve que le risque ne paie pas.
Voici l’histoire d’un malheureux désastre qui aurait pu être tout le contraire, une victoire sans précédent dans le lourd combat du progrès en marche contre les idées arrêtées.
Car je vais vous l’avouer tout de suite: je trouve que “Risk” est un très bon album, il est même excellent, le seul problème c’est que c’est un album de Megadeth.
Il serait sorti sous le nom d’un groupe parfaitement inconnu, on aurait crié au génie.
Mais Megadeth avait un passé déjà bien figé dans l’esprit obtus des metalleux, et de plus tout le monde l’attendait au tournant, car le groupe n’avait rien sorti depuis quatre ans, il semblait même déjà avoir mis plus qu’un pied sur la pente savonneuse du déclin.
“Youthanasia” avait été en quelque sorte le point culminant de leur carrière, marqué par une pochette méchamment scabreuse et la présence d’une espèce d’hymne mélancolique chanté au trois-quarts en français, qui à tous les concerts faisaient se vider les briquets trois fois plus vite qu’à ceux de Johnny Haliday et de Francis Cabrel réunis.
Mais son succeseur “Cryptic Writings” semblait démontrer déjà assez pitoyablement que le groupe battait de l’aile comme un gros moustique gazé au flytox, alors quand “Risk” est arrivé, il n’y avait plus grand chose qui pût encore logiquement tenir debout.
Annoncé par une campagne promo digne des films de Spielberg, avec des interviews en chambre d’hotel d’un Mustaine ultra-optimise qui mâchouillait le fil du suspense en déclarant que “Risk” serait exactement à l’image de son titre, c’est-à-dire un pas en avant dans le vide, et qu’avec l’arrivée de l’an 2000 il était temps pour Megadeth de se montrer inovant et moderne, bref de prendre des risques, cela n’eut pour résultat que de susciter autant de gentils sourires que de scepticisme de la part de toute la presse.
Et quand l’album est sorti dans les bacs on a eu droit aux déscentes en flammes les plus navrantes: Megadeth fait du Disco, Megadeth fait de la Techno, Megadeth a retourné sa veste, Megadeth c’est devenu des mauviettes, des vrais pédés...etc.
Triste d’en arriver là quand on pense au travail fourni pour obtenir un tel résultat, et surtout quand on reécoute l’album tant d’années plus tard, et qu’on y découvre de telles qualités qu’on est en droit de se demander s’il n’y a pas eu quelque part une sorte de conjuration secrète qui aurait oeuvré pour mettre autant de bâtons dans les roues de la machine que de clous et de peaux de bananes sur la route logique du succès.
Sans être parano ni vouloir s’attendrir sur un groupe qui déjà n’existe plus que virtuellement, on peut tout de même s’inquiéter d’un tel échec, qui fut tellement néfaste à Megadeth qu’il fut obligé de splitter puis de se reformer provisoirement en recommençant tout à zéro, allant même jusqu’à reprendre son logo d’origine et sortir du placard sa ridicule mascotte squelettique et binoclarde, et à rejouer un thrash basique encore plus bourrin que ce qu’ils faisaient à leurs débuts, autant dire d’un ennui mortel.
Et le pire c’est qu’ils ont carrément renié “Risk”, au point que lorsque leur label a reédité tous les albums remastérisés avec des bonus, ils ont atrocement refait la pochette de “Risk” en y appliquant le vieux logo, alors que la vraie était très avant-gardiste, presque abstraite, avec d’assez beaux effets de matières et un logo sobre et audacieux.
Maintenant essayons de voir plus clairement ce qu’on peut reprocher à un tel album: l’utilisations de samples, de loops et d’une boîte à rythme ? L’abandon d’un style thrash classique pour quelque chose de nettement plus sophistiqué ? La présence de pseudo-ballades accoustiques ? La mise en retrait des grosses guitares au profit d’une approche plus sensible et plus ambitieuse de ce type d’instrument à six cordes ? La recherche d’un son nouveau, plus sombre, plus industriel, plus proche d’une époque dominée par la froideur des sentiments et l’évolution technologique la plus radicale ?
Mais enfin, quel groupe de Metal digne de ce nom n’en a-t-il pas déjà fait autant ? Paradise Lost, Amorphis, Type-O-negative, Atrocity, Morgoth, Coal Chamber, Theater Of Tragedy, Fear Factory, Voivod, Tiamat, In Flames... pour ne citer que les plus connus, alors pourquoi Megadeth n’aurait-il pas le droit d’évoluer à son tour de la sorte ?
Maintenant écoutons de plus près cet album: Qu’est-ce qu’on y entend ? une dizaine de petits chefs d’oeuvres qui ont tous leur originalité propre et leurs particularités intrinsèques bien mises en avant pour booster allègrement un maximum de sonorités insolentes et faire ainsi un beau pied de nez au vieux siècle qui s’achève: “Insomnia” avec son rythme obsédant qui nous emporte doucement dans une spirale de schizophrénie futuriste, “Prince of Darkness” avec sa basse démente qui résonne dans un espace rempli de grincements électroniques, “Crush” avec son riff insistant, monstrueux, soutenu par des claquements de mains et des cris enragés, “Enter the Arena” et sa rythmique groovy qui contraste si bien avec la voix ténébreuse et sarcastique digne d’un Alice Cooper en transe, “Breadline” dont la tonalité grise et la mélodie désanchantée pourrait renvoyer Nickelback au club de karaoké de son patelin, “the Doctor is Calling” avec son petit riff espiègle et son ambiance à la Stephen King annoncée par une voix d’enfant et finalisée par des assauts de gratte d’une lourdeur fatale, “I’ll be there” et son rythme arabisant teinté d’influences New-Wave qui aurait pu faire un méga-tube pour dancefloor mais qui a suffisemment de classe pour y échapper, “Wanderlust” d’une sobriété âpre et traversé par les hésitations d’une voix crépitante de desespoir, “Ecstasy” joliment accoustique où l’on est bien obligé de reconnaître que Dave Mustaine est aussi un songwriter de grand talent et qui me fait curieusement penser à Iggy Pop, “Seven” qui nous ramène brusquement dans un tourbillon de violence démontée où le mot “thrash” prend instantanément une nouvelle dimention, et pour finir “Time” décliné en deux parties “The beginning” très progressif et bourré de bonnes trouvailles soniques, et “The End” où la même mélodie est reprise avec une rage électrique hors du commun et soutenue par les martèlements d’une batterie volcanique dont même Rammstein aurait pu s’inspirer. Au final on ne peut honnètement rejeter quoi que ce soit de tout l’album.
Et pourtant j’ai toujours été fan de la première période de Megadeth et j’ai bien dû écouter “Peace sells” un millier de fois, halluciné par les soli tarabiscotés et la décharge d’adrénaline qui s’annonce à chaque morceau, mais je suis également partisan des vrais et grands changements, c’est à dire une saine évolution, car à mon avis un groupe qui se répète est un groupe qui meurt, bien plus vite même que s’il prend des risques mortels.
Maintenant c’est dommage que cette prise de risques n’ait pas été reconnue à sa juste valeur, ni réellement assumée par le groupe (enfin ce qu’il en restait) qui a préféré écouter ses fans imbéciles que de poursuivre sa courageuse démarche.
J’ose parfois imaginer ce qu’aurait pu être un successeur de “Risk” encore plus risqué, quelque chose qui ressemblerait à un croisement entre Nine-Inch-Nails et Samael...
Mais ne rêvons pas, Megadeth a laissé passer sa chance de faire évoluer sa musique dans le bon sens, et à présent tout est fini.
Triste histoire quand même.
Il est arrivé exactement la même chose à Kreator lorsqu’ils ont sorti l’excellent album “Endorama”, très inovateur, limite electro-gothique, mais complètement rejeté par les vieux fans dont l’influence semble avoir eu assez d’impact pour convaincre le groupe de faire marche arrière, ce qui fait qu’on se retrouve avec un Kreator qui refait la même musique balourde qu’il y a quinze ans, comme si “Endorama” n’avait jamais existé.
Comme je le disais au début, le risque ne paye pas, et il en sera toujours ainsi, tant qu’on continuera à coincer les groupes dans un moule qui nous plait bien, en refusant d’emblée toutes les initiatives qu’ils voudraient prendre pour en sortir.
Axl Rose doit en savoir quelque chose, lui qui hésite tellement à sortir son “Chinese Democracy” en sachant que si cela ne ressemble pas trait pour trait à “Apetite for Destruction”, on le rejettera impitoyablement. Mais ça c’est encore une autre histoire...

Triste histoire comme tu dis dans ta chronique ... je n'ai malheureusement pas pus y jeter une oreille des plus attentive mais effectivement sur le peu que j'ai pus en écouter , ce disque dans leur discographie est très innovant !

Que dire de plus si ce n'est que ta chronique reflète malheureusement que trop bien la réalité ... des fans et une presse schérosé dans les attentes qu'ils ont d'un groupe .

Sinon comme toujours Kapten Dong tu ecris décidément très très bien !

mouais. parler d'innovation c'est un peu exagéré, enfin j'ai pas écouté des masses ce Risk je me prononcerais pas dessus. Mais dans le cas de Kreator et d'Endorama, il n'est nullement question d'innovation mais d'une resuçée des groupes pop/goth/électro qui marchait à ce moment là tous les morceaux font penser à un autre groupes, franchement parler d'innovation ça me fait bondir! avec endorama on a un groupe de dark-rock parmis des dizaines d'autres alors qu'on a connu un groupe de Thrash excellent qui n'avait de leçon à recevoir de personne par le passé, je préfère l'excellence pour ma part.
Alors c'est super de changer sa musique, d'être dans l'air du temps comme tous les groupes cités mais pas très crédible artistiquement parlant et ce que j'ai entendu de Risk me fait pensé la même chose que le cas Kreator que je connais mieux. toute façon j'aime pas les rouquins, ça pue!

Lol les rouquins ça puent ... ! Ceci dit j'aime bien les rouquines !

Hum pour Kreator en tous cas après leur periode Endorama je suis d'accord pour dire qu'ils sont revenu la queue entre les jambes pour rejouer un Thrash metal mais qui n'a plus la fraicheur, la décadence et la conviction de ce qu'ils faisaient à leur tout début .

Cardinal-Sin a écrit:
une resuçée des groupes pop/goth/électro qui marchait à ce moment là

Hum... je ne pense pas qu'ils ont fait ça pour coller à la tendance en vogue à ce moment-là, ils ont simplement essayé autre chose, même si rien ne les obligeait à le faire (vu qu'ils avaient déjà un public de fans acquis de longue date), et je ne vois pas quel mal il pourrait y avoir à tenter des nouvelles expériences même si on s'appelle Kreator. S'ils n'ont pas poursuivi dans cette voie-là, OK c'est leur affaire, mais ce n'est pas une raison pour renier complètement cet album, qui possède tout de même certaines qualités (si on le compare par exemple à ce que sortait Crematory ou Das Ich à la même époque). Sans vouloir faire l'apologie de "l'innovation à tout prix", c'est quand même intéressant de voir qu'un groupe ne reste pas toujours sclérosé dans la facilité d'un style qui lui colle à la peau comme une trop grosse étiquette où on a mis tellement de colle que ça en devient gluant.

je suis ok, c'est aussi ce qui fait le charme de ses groupes là, perso j'aime les "Eat The Heat" d'accept, "Turbo Lover" ou "Point Of Entry" de Priest, un "Another Perfect Day" de Motorhead, la période fin 80's de Black Sabbath, un "World Demise" d'Obituary ou un "Lightning Strike Twice" de Molly Hatchet, ces albums atypique ont du charme avec du recul, mais bon ... c'est mon rôle de défendeur du metal pur de pas le crier sur tous les toits et contrairement au groupe que j'ai cité, je trouve pas la démarche très honnête dans le cas Kreator ou Megadeth c'était trop facile d'abandonner le thrash à cette époque où plus personne n'en faisait (ou presque)...j'aurais déjà plus pardonner s'ils l'avaient fait en plein "gloire" comme les groupe que j'ai cités ci-dessus

C'est vrai, j'attends encore toujours qu'OVERKILL nous fasse un album de Country-music !

Metallica l'a bien fait (Load), alors pourquoi pas Overkill.