PELICAN, lundi 9 août 2004 à Strasbourg

PELICAN (USA) (+ AMEN RA, Belgique ; + NEDGEVA, France)

lundi 9 août, Strasbourg, Café des Anges

Un concert dans le caveau du Café des Anges, original pour accueillir le groupe américain PELICAN, en tournée européenne au cours de ce mois d’août 2004… Trois groupes à l’affiche pour une ouverture des portes annoncée à 20h, effective à 21h15… Après une telle attente, passage à la caisse (5 euros, c’était donné), petit tampon de rigueur et là, descente dans un caveau qu’on sent immédiatement, comment dire… en manque d’aération… Et c’est peu dire puisque les trois concerts vont s’enchaîner dans une véritable fournaise… Cinq minutes dans cette étuve et déjà les premières grosses gouttes perlent à mon front ! Direction le bar où je m’attable pour consommer la première bière de la soirée en écoutant de loin (c’est à dire entre 5 et 10 m de la scène, c’est un caveau, pas une salle de concert…) mais assez attentivement le premier groupe : les locaux de NEDGEVA, une sorte de rock lourd bien en place mais qui ne m’accroche pas des masses pour cause de chant, certes correctement exécuté, mais qui cède peut-être (à mon goût) à certaines sirènes actuelles genre « je chante clair/je beugle un peu/woaaah mes lignes vocales sont bien mélodiques t’entends ? et mes refrains bien accrocheurs, etc. »… A noter que le groupe termine sa performance par une bonne reprise des Queens Of The Stone Age…

Ah oui, l’affluence de cette soirée se montera environ à une cinquantaine de personnes comme ça à vue de nez, on n’est pas trop serrés mais le caveau étant petit, il est bien vite rempli et… on transpire tous comme des veaux… Les belges d’AMEN RA s’installent ensuite et se montrent beaucoup plus intéressants : des riffs monolithiques, très répétitifs, souvent très lents, avec une batterie lourde qui offre de temps en temps des variations, une sorte de mélange de doom et de hardcore et une voix… une voix hurlée, criée, aiguë qui scande (de manière assez burzumienne) selon moi des plaintes dont je me demande toujours s’il s’agissait de paroles ou de simples cris… Assez hypnotique et déjà un premier bon concert avec un son assez correct (avec ou sans boules quiès, on entendait assez bien tous les instruments)…

Enfin, après une assez longue attente dehors (il fallait respirer…) avec quasiment tout le monde à se faire rappeler à l’ordre toutes les cinq minutes par le videur (« pas de bruits pour les voisins », « attention, cachez vos bières, si des flics passent, c’est vente illicite d’alcool… », « sinon, c’est le bar qui trinque », etc… bienvenue dans une ville tenue par la Droite), on peut redescendre et assister à la performance de PELICAN qui fut… une baffe ! Une de celles à laquelle je n’avais pas eu droit depuis un moment…
Il faut savoir que PELICAN est un groupe instrumental et que je me demandais comment ils allaient faire pour maintenir, tout le concert durant, l’attention du public… Il faut croire que ça n’a pas marché pour tout le monde, mais, moi, j’ai marché… Les morceaux sont en fait construits sur des riffs assez répétitifs dans lesquels les musiciens introduisent des variations avant de passer à d’autres passages, soit toujours plus lourds et gras, soit acoustiques, aériens et planants… ils font un vrai travail de recherche sur les harmonies entre les deux guitares et la basse et le tout est assez hypnotique (et oui, encore)… Une musique planante et écrasante en même temps, « lourde et légère à la fois » (un paradoxe peut-être, mais essayez…) selon les mots d’un de mes amis aussi présent… C’est marrant parce que la musique du groupe est à mi-chemin du doom-metal et du post-rock et que cela a joué sur le public qui est descendu dans ce caveau (moitié hardos/metalleux – moitié post-rockeux) et que ça donnait un « mélange » un peu inhabituel (en tous cas par rapport aux concerts auxquels j’ai assisté…)… Malgré la chaleur étouffante, je serais bien resté pour un ou deux morceaux supplémentaires, mais le groupe s’arrêta au bout d’un peu plus d’une heure sous les applaudissements et les cris d’encouragements des derniers « survivants »…

Le lendemain, je m’écoutais en boucle leur EP « Untitled » et leur album « Australasia » et honnêtement, PELICAN est un groupe unique, qui a quelque chose à dire et qui y parvient brillamment passé un petit temps d’adaptation à leur trip ; quand on n’est pas habitué à de la musique à gros riffs entièrement instrumentale, on commence par « attendre la voix » et au début on ressent un manque, mais les compositions sont suffisamment bien construites pour que ce manque disparaisse avec plus de connaissance de la musique du groupe…